lundi 30 avril 2007

Atelier d'écriture à Pandora

Nous avons passé un super bon temps avec Thierry Renard en atelier d'écriture. Nous avons commencé à jouer aux dix mots, ceux choisis pour fêter la XIIe semaine de la langue française.

Pour 2007 année d'entrée en application de la convention de l'Unesco sur la diversité culturelle, les dix mots sont migrateurs : ils ont voyagé d'une langue à l'autre, sont restés ou repartis, se sont métamorphosés : bijou est un emprunt du breton, bizarre vient d'Italie, abricot est venu de l'arabe en passant par l'espagnol, clown est anglais, l'allemand nous a envoyé valser, de même le mot chic, bachi-bouzouk est emprunté au turc, amour vient du latin, mètre également, passe-partout est bien français. Nous avons brassé toutes ces cultures ainsi que quelques mots venant d'un "Dictionnaire francophone de poche, Le pouvoir des mots sur le mouvoir des peaux", (éditions La passe du vent) de Khal Torabully, né à l'île Maurice, docteur en linguistique générale.
Nous y avons trouvé une langue francophone délicieuse, façonnée par de nombreuses contrées d'Afrique, la Suisse, le Québec, les régions françaises. J'ai retrouvé le mot "nioniotte" dont ma grand-mère me traitait petite fille, des images rigolotes comme "soutien-papayes" ou "chôcôbiteux" de la Côte d'Ivoire, qui se dit d'une personne communicant en français avec l'accent parisien !
Ensuite après des lectures sur des métiers imaginaires (le semeur de bruits, le charmeur de nuages, l'égareur... ) nous avons cogité sur nos métiers imaginaires et nous avons trouvé entre autres : le vendeur de baisers, le carreleur d'infini, l'architecte des mensonges, le rénovateur d'illusions, le chasse-dispute...
Je vous invite à jouer et à trouver votre métier imaginaire et à écrire ce qu'il peut être ! Pour moi, je me suis penché sur le creuseur de trous de vie :
Il s'en va tout au long des destinées accomplir son travail de non-mémoire. Il sait comme parfois certains actes vécus ou accomplis sont difficiles à assumer. Alors, avec élégance et légèreté, il s'en vient doucement sur votre chemin de vie et regarde derrière vous les cailloux sur lesquels vous avez trébuché, les ornières où vous vous êtes embourbé, les épineux auprès desquels vous vous êtes déchiré et où restent accrochés quelques lambeaux de coeur douloureux ou d'âme tourmentée.
Et là, plein d'une sollicitude tendre, avec sa grande bêche à oubli, il va creuser dans ce lieu de douleur, profondément, jusqu'à la racine triste, puis verser des pelletées de nuages et de brume, quelques seaux de ténébres. Puis, le trou terminé, il glissera une nébuleuse à quelques dizaines de sentiments-lumière pour qu'un jour l'espoir puisse aussi renaître.

vendredi 27 avril 2007

Rencontre avec Thierry Renard

Aujourd'hui, double bonheur : la rencontre avec Thierry Renard, écrivain fidèle à Vénissieux (banlieue lyonnaise), et le plaisir de partager des moments d'écriture en groupe.
Pour découvrir l'espace Pandora qu'il anime, je vous laisserai aller voir sur le site. Mais pour le découvrir lui, quoi de mieux que ses poèmes ?

"longtemps encore je voyagerai
nu dans ma langue
j'irai au soleil des dodos
dormir en paix
et je résisterai au temps
sans vraiment me soucier
des heures qui passent
en retrouvant le silence je perdrai le lieu où je suis né"
Thierry Renard, le fait noir, Ed. Paroles d'Aube

"Pour qui écrit-on ?
pour les morts car
à qui d'autre écrire
les morts, eux seuls
savent nous lire
entre les mots les lignes
les pages même
et si une page
parfois reste muette
c'est qu'elle est traversée
par le souffle de la vie
par l'haleine des vivants"
Thierry Renard, Le fait noir, Ed. Paroles d'Aube

jeudi 26 avril 2007

Le vendredi c'est dimanche !





Et oui, le vendredi au Yémen c'est congé et bien sûr, que fait-on toute l'après-midi ? on qâte...
soit dans la grande pièce au sommet des maisons, le mafrej, avec d'autres personnes, amis, voisins.


soit on "sort" et on qâte dehors, au soleil, avec ses potes, et on laisse les femmes entre elles s'occuper des enfants ! On qâte aussi dans la rue, tranquillement assis, ou dans son magasin, les jours de semaine, pour continue à vendre aux clients. On emmagasine les petites feuilles une à une dans sa joue, on fait des réserves comme les hamsters, on mâche pour en avoir le suc, on mouille un peu avec de l'eau minérale car ça assèche un peu la bouche, et on fait sa petite boule, qui grossit, qui grossit... toute l'après-midi. Pendant ce temps, les discussions vont bon train, on refait le monde, il y a même des conseils des ministres "après-midi de qât"... on devrait lancer ce genre d'idées pour retrouver le plaisir de causer ensemble... hommes et femmes par contre.
La photo ci-dessous a été prise à la citadelle de Taiz, grande ville du Yémen, et elle me fait penser à ces jeux de kermesse où il faut faire tomber les têtes des petits lapins qui passent sur un tapis roulant. Les hommes sont là, affalés, à mâcher et faire leur boule et regardent les touristes qui passent...

mercredi 25 avril 2007

Le qât au Yémen



Le qât joue un rôle fondamental dans la vie de la plupart des Yéménites (y compris des femmes). Cette plante appartient à ce qu'on appelle les cas obscurs (shubahat) sur lesquels le Coran n'apporte pas de précision. La jeune pousse de qât contient deux stimulants très proches des amphétamines et qui induisent des effets similaires :
augmentation de la température et de la pression sanguine, puis état de torpeur, perte d'appétit et du sommeil, parfois nervosité. Mais la qualité des feuilles joue un rôle également.
Sa culture a été étendue ces quarante dernières années, en remplacement du café, car le qât rapporte cinq fois plus. Sa culture a limité l'exode rural et permis le développement des voies de communication. Par contre cette habitude quotidienne pour certains engloutit 30 % des revenus mensuels d'un ménage et passe avant l'achat de la nourriture.
En photo : les plants de qât dont on ne consomme que les jeunes pousses du sommet ; la culture du qât se fait partout, en terrasses ou dans la plaine. L'achat des bouquets de feuilles au souk de Yarim, tous les jours avant midi, est un rendez-vous important. Et bien sûr, on s'empresse de goûter...

En savoir davantage

Une étude plus précise

soirée oud et chants traditionnels de Sana'a


"Mes chants t'ont recherché toute ma vie. Ce furent eux qui me guidèrent de porte en porte. C'est par eux que, palpant et scrutant mon univers, alentour de moi j'ai senti.
Ce furent mes chants qui m'enseignèrent tout ce que j'ai jamais appris, qui m'indiquèrent les sentes cachées et proposèrent à ma vue maint astre sur l'horizon de mon coeur.
Mes chants m'ont conduit le long du jour vers la mystérieuse contrée du plaisir et de la douleur, et maintenant jusqu'à la grille de quel palais m'ont-ils amené dans le soir, tandis que finit mon voyage ?"
Rabindranath Tagore, l'Offrande lyrique (Poésie/Gallimard)

mardi 24 avril 2007

la vieille ville de Sana'a

Sana'a, la capitale du Yémen est située à 2250 m d'altitude et est depuis plusieurs siècles un haut lieu d'une civilisation raffinée. Elle est restée à l'écart du monde occidental jusqu'au début du XXe siècle.
Selon la légende, elle aurait été fondée par Sem, fils de Noé.

L'architecture unique de la vieille ville est fascinante. Le plan d'urbanisation de la ville remonte au XVe ou XVIe siècle. De très belles frises géométriques en brique saillante, horizontales et verticales, soulignent chaque étage et encadrent les fenêtres.
Plus on monte dans les étages et plus les fenêtres sont nombreuses et larges. Celles des étages supérieures sont fréquemment surmontées d'un vitrail en ogive de couleurs vives.


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Portes



Porte de bois, porte de fer
si je t'ouvre je pars en enfer,
porte sculptée, porte gravée,
entr'ouverte ou toujours fermée,
si je sors c'est la liberté...
Toutes ces portes du Yémen
que je regarde et que j'admire
quelles histoires et quelles destinées ?
Le meilleur comme le pire
comme partout sur la terre
quelles vies derrière une porte se terrent
travailler, s'aimer, parler, se taire,
silencieusement se fige le mystère.

retour du YEMEN


Bonjour !
Me voici de retour du Yémen, aussi chargée que cette voiture yéménite, en souvenirs, émotions, vibrations....